Précarité énergétique : un tiers des Français ont eu froid durant l’hiver 2024-2025
En novembre 2025, l’Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE), soutenu par l’Ademe, a publié son tableau de bord annuel. Les données confirment l’ampleur du phénomène : le froid domestique reste un marqueur structurel de la précarité énergétique en France, en particulier dans un parc immobilier ancien et énergivore.
Un tiers des Français ont ressenti le froid
Selon le baromètre de l’Ademe et de l’ONPE, 35 % des Français déclarent avoir eu froid dans leur logement au moins 24 heures durant l’hiver 2024-2025. Ce ressenti traduit une combinaison de facteurs : hausse des prix de l’energie, dégradation thermique des bâtiments et arbitrages imposés aux ménages modestes.
Parmi les bénéficiaires du chèque energie, la proportion est encore plus élevée : 59 % d’entre eux ont souffert du froid, signe des inegalites sociales et de la qualité souvent moindre de leur logement. L’ONPE indique que 37 % des ménages ayant eu froid évoquent des raisons financieres pour expliquer leur inconfort.
Un inconfort thermique qui dure toute l’annee
La précarite energetique n’est plus seulement hivernale. L’enquete montre que 49 % des Français ont souffert d’un excès de chaleur dans leur logement durant l’ete 2025. Deux tiers des ménages ayant eu froid l’hiver (soit environ 20 % de la population totale) ont aussi subi la chaleur estivale, ce qui confirme le lien avec une isolation defectueuse.
Selon Sylvain Waserman, president de l’Ademe, « Les Français restent avant-gardistes dans leur vision de la sobriete et de la lutte contre la surconsommation », mais beaucoup restent prisonniers de contraintes structurelles. Les dispositifs d’aides, comme MaPrimeRénov’, progressent, mais peinent à compenser l’ampleur du parc degrade.
Les ménages modestes, les plus exposés
L’ONPE souligne que la precarity energetique touche prioritairement les ménages modestes, souvent loges dans des biens anciens ou mal isoles. En 2023, 3,1 millions de ménages ont consacre plus de 8 % de leurs revenus aux factures d’energie, soit 10,1 % de la population.
Le role des aides publiques est decisive : sans elles, le taux de precarite energetique aurait atteint 17,9 % en 2023, alors qu’il recule a 6,3 % lorsque l’on intègre l’ensemble des cheques energie. « Sans le bouclier tarifaire et les différents cheques energie, le taux aurait atteint 17,9 % en 2023 », rappelle le ministere de la Transition ecologique.
En 2024, l’Etat a distribue 5,6 millions de cheques energie, dont 4,5 millions ont ete utilises, soit un taux d’utilisation de 81,8 %. Ces aides evitent des basculements, mais une majorite des menages concernes continue de reduire leur chauffage pour limiter leurs depenses. La pauvrete, qui atteignait 15,4 % en 2023 selon l’INSEE, renforce la vulnerabilite face a la hausse des couts.
Les impayes d’energie augmentent
Le froid domestique se traduit aussi par une hausse des impayes. En 2024, 1,2 million de ménages ont subi au moins une intervention de leur fournisseur a la suite d’impayes, soit une hausse de 24 % en un an. La multiplication des reductions de puissance et des coupures reflète la difficulte croissante d’un nombre important de foyers a chauffer correctement leur logement.
Les associations constatent la meme deterioration : selon le Secours Catholique, 49,4 % des ménages accompagnes presentent des impayes d’energie. Le montant median atteint 500 euros, avec un quart des foyers depassant 1 020 euros, ce qui traduit une dynamique d’endettement lourde.
Conclusion
Le tableau de l’ONPE et de l’Ademe montre que la lutte contre le froid domestique reste un defi national, lie autant a des causes techniques (isolation, equipements) qu’a des causes economiques. Les dispositifs d’aide jouent un role crucial pour limiter les basculements, mais la transformation du parc immobilier et le maintien du pouvoir d’achat restent des leviers indispensables pour reduire durablement la precarite energetique.




