Un chantier qui approche
La directive europeenne sur la transparence des salaires doit etre transposee en droit francais d’ici juin prochain. Pourtant, peu d’organisations se sont engagees sur le sujet : selon l’Association pour l’emploi des cadres (APEC), qui a interroge 800 organisations, de nombreuses entreprises ne sont pas pretres pour les changements attendus.
Où en est la sensibilisation ?
Le sondage met en avant trois chiffres clefs :
- seulement la moitie des entreprises ont entendu parler de la directive ;
- un tiers estime en connaitre le contenu ;
- un quart affirme avoir commence a se preparer.
Les modalites concretes de la transposition restent en discussion, mais les grands principes sont defini s’et l’APEC avertit : plus le temps passe, plus il sera difficile de se mettre en conformite.
Recrutement : obligations sur les offres et interdictions
Des changements immediats porteront sur le process de recrutement. Les entreprises seront obligees d’indiquer, dans leurs offres d’emploi, le salaire d’embauche ou une fourchette de salaire. Aujourd’hui, seules 46% des organisations le font deja, d’apres l’APEC.
Par ailleurs, la directive interdira de demander au candidat son salaire precedent. Or, 6 employeurs sur 10 posent cette question systematiquement aujourd’hui.
La justification des ecarts de salaires, un enjeu majeur
La mesure la plus delicate concerne la possibilite pour les salaries de demander et d’obtenir les niveaux de remuneration de collegues occupant un travail de valeur egale, y compris selon le genre. Ce sujet intervient alors que les femmes gagnent encore 6,8% de moins que les hommes a poste et profil identique, sans raisons apparentes.
Les managers se montrent inquiets : plus de 6 sur 10 disent qu’ils auront du mal a expliquer les differences de salaire dans leur equipe, car ils ne connaissent pas toujours l’historique ni les raisons objectives de ces ecarts. Le fait que des nouvelles recrues soient parfois mieux remunerees que des salaries en poste, et que les niveaux de salaire seront desormais affiches, risque d’augmenter les tensions : plus de la moitie des chefs d’equipe craignent l’emergence de conflits.
Correction des ecarts et consequences pratiques
Les modalites exactes restent a definir, mais a priori les entreprises d’au moins 100 salaries devront corriger les ecarts de remuneration lorsque ceux-ci depassent 5% et qu’ils ne sont pas justifies par des criteres objectifs. Certaines organisations ont deja commence a provisionner des sommes en vue d’eventuels rattrapages, indique l’APEC.
La mise en conformite exigera des moyens et beaucoup d’energie de la part des managers et des services RH. L’APEC souligne toutefois que l’effort est pertinent, notamment parce que plus de la moitie des salaries ne comprennent pas bien leur propre remuneration.
En bref
- La directive impose une transparence accrue sur les salaires et change les pratiques de recrutement.
- Peu d’entreprises sont deja pretes ; la preparation demandera du temps et des moyens.
- Les managers devront pouvoir documenter et, le cas echeant, corriger des ecarts de salaire.




