Au 1er janvier 2024, le Smic horaire brut s’etablissait a 11,65 EUR, apres une hausse de 1,1% (et +3,4% sur un an). Une etude de la Dares (Direction de l’Animation de la recherche, des Etudes et des Statistiques) analyse les secteurs d’activite ou la part de salaries remuneres au Smic est la plus elevee.
Les secteurs les plus concernés
La proportion de salaries payes au Smic excede nettement la moyenne nationale de 14,6% (soit environ 2,7 millions de personnes) dans certaines branches. Selon la Dares :
- Commerce principalement alimentaire : 43,9%
- Hotellerie-restauration-tourisme : 28,2%
- Commerce de detail principalement non alimentaire : 25,5%
- Habillement-cuir-textile : 24,7%
Ces secteurs reunissent souvent des emplois a faible qualification, un recours important au temps partiel ou a des contrats saisonniers, ainsi qu’une forte concurrence commerciale, facteurs qui expliquent leur surrepresentation parmi les beneficiaires du Smic.
Facteurs structurels expliquant cette concentration
La Dares identifie plusieurs mecanismes qui font que certaines branches » accumulent » une forte part de salaries au Smic :
- Taille des entreprises : a la date du 1er janvier 2024, 24,2% des salaries des tres petites entreprises (1-9 salaries) beneficient de la revalorisation du Smic, contre 12,4% dans les entreprises de plus grande taille. Les TPE ont souvent des marges plus faibles et des grilles salariales proches du minimum.
- Temps partiel et emplois atypiques : 31,3% des salaries a temps partiel etaient beneficiaires de la revalorisation, contre 10,6% des salaries a temps complet; ces contrats sont frequents dans l’hotellerie-restauration, le commerce et l’entretien.
- Niveau de qualification et nature des metiers : des etudes anterieures (2017-19) montraient que les postes proches du Smic se retrouvaient surtout dans les services aux particuliers (coiffeurs, estheticiens, employes de maison, agents d’entretien), l’hotellerie, le commerce et la manutention.
Impacts et perspectives
Quasiment un travailleur sur sept touche ou est rattrape par le Smic, ce qui a des consequences sur la dynamique des salaires et la structure des grilles remuneratoires. Le rapport du Groupe d’experts Smic souligne que la diffusion progressive de la hausse du Smic vers le reste des salaires a permis de faire baisser cette part, qui s’etablit a 14,6% au 1er janvier 2024 apres un pic historique a 17,3% en 2023.
Si le Smic augmente sensiblement sans que les salaires immediatement superieurs ne suivent, l’ecrasement de l’echelle salariale se poursuit, un phenomene particulièrement visible dans les secteurs les plus exposes.
Pour les pouvoirs publics et les partenaires sociaux, ces constats posent la question d’un accompagnement cible : evolution des grilles conventionnelles, renforcement de la formation et des parcours professionnels, meilleur pilotage des emplois saisonniers et des temps partiels. Pour les employeurs, une forte proportion de salaries payes au Smic incite a repenser la gestion des emplois, la fidelisation et la structuration des remunerations.




