Le 5 novembre 2025, l’Inserm a présenté les résultats d’une étude menée sur la cohorte GEOCAP-Birth et publiés dans la revue Environmental Health. Les chercheurs ont exploité les données de plus de 12 000 enfants nés en France entre 2010 et 2015 pour étudier le lien entre l’environnement périnatal et l’apparition de leucémies aiguës.
Population et méthode
La cohorte comprenait plus de 12 000 naissances, dont 581 enfants ont développé une leucémie aiguë lymphoblastique (LAL) et 136 une leucémie aiguë myéloïde (LAM). Pour estimer l’exposition aux polluants au moment de la naissance, les auteurs ont utilisé deux indicateurs :
- la proximité du domicile de naissance avec de grands axes routiers,
- les concentrations estimées autour du domicile de polluants atmosphériques : NO2, PM2.5 et carbone suie (black carbon).
Principaux résultats
Les analyses montrent des associations entre les concentrations de particules fines et le risque de leucémie :
- pour chaque augmentation de 2 ug/m3 de PM2.5 en période périnatale, le risque de LAL augmente de 14 % ;
- pour la LAM, l’augmentation observée est d’environ 12 %, avec un effectif plus restreint pour cette forme ;
- le carbone suie, indicateur de combustion incomplète (trafic, chauffage), est associé à un risque majoré d’environ 80 % dans les unités urbaines de petite ou moyenne taille.
En revanche, les auteurs n’ont pas trouvé de corrélation significative entre la proximité des axes routiers et l’incidence des leucémies infantiles. « Ces résultats laissent penser que des sources de pollution aux PM2.5, autres que le trafic routier, pourraient être impliquées », a déclaré Aurélie Danjou, première auteure de l’article.
Interprétation et limites
Les résultats invitent à considérer l’exposition environnementale au moment de la naissance comme un facteur possible de risque pour des cancers pédiatriques fréquents : les leucémies aiguës représentent près de 30 % des cancers de l’enfant. La période périnatale est reconnue comme une fenêtre de vulnérabilité accrue aux effets toxiques.
Cependant, l’étude reste observationnelle et n’etablit pas de lien de cause a effet. Les auteurs soulignent plusieurs limites possibles :
- estimation des expositions basée sur des modèles et non sur des mesures individuelles permanentes ;
- risque de facteurs confondants non mesurés, comme les conditions socio-economiques ou d’autres polluants ;
- effectifs limités pour certaines analyses, notamment pour la LAM.
Conséquences et pistes
Les résultats renforcent l’argument en faveur d’une surveillance plus large des sources de pollution, au-delà de la seule proximité des voies à fort trafic, et d’une attention particulière aux émissions liées au chauffage domestique et à certaines activités industrielles. Ils appellent également à de nouvelles recherches pour préciser les mécanismes biologiques et confirmer ces associations sur d’autres populations.
Source : Inserm, publication dans Environmental Health, communiqué du 5 novembre 2025 (cohorte GEOCAP-Birth).




